IMMIGRATION : absence de chiffres : une machine à fantasme

L’immigration occupe une place croissante dans le débat politique. Les chiffres fiables ne sont pas connus et, s’ils le sont, ils ne correspondent rarement à la perception que peut en avoir, en un lieu donné, l’homme de la rue.

Deux facteurs contribuent à ce décalage : l’absence de statistiques ethniques et la concentration de l’immigration dans certaines zones.

Ce qui visible par l’homme de la rue est le type ethno-racial. Or, la France refuse de prendre en compte cette caractéristique dans les enquêtes. Au nom de l’égalité, une petite communauté de chercheurs, souvent éloignée des réalités, refuse le principe même les statistiques ethniques.

Les rares recherches se font par des méthodes indirectes et discutables (analyse des prénoms) ou par des enquêtes ponctuelles telles que l’enquête Teo ( trajectoires et origine) réalisée en 2008 par l’Insee et Ined.

Cette dernière enquête a montré les français issus de l’émigration ( au moins un parent immigré) sont plus nombreux que les immigrés – mêmes.

Ces deux populations se confondent dans le regard des autres français dans la rue. Elles se déclarent victimes dans l’enquête des mêmes ségrégations.

Pourtant les français de descendance étrangère ne sont pas différents de ceux de souche : ils ne le sont ni par la langue ni par l’éducation. Les traiter différemment ne serait pas conforme à l’esprit de la république. On ne saurait définir notre identité nationale en les excluant.

Il faut aussi admettre que si l’immigration était complétement stoppée, la part de personnes de type non européen continuerait à croitre du seul fait de la démographie ( enfants d’immigrés ) même en supprimant de droit du sol. Personne ne proposera de renvoyer les enfants de familles en situation régulière.

Le recensement de l’Insee fournit régulièrement le nombre d’immigrés composé de deux catégories    3,5 millions d’étrangers et  2,4 millions français nés à l’étranger soit au total 9 %   de la population.

Ce pourcentage n’est pas plus élevé que dans les pays européens. Est- il supérieur au « seuil de tolérance » avancé par certains sociologues ?

Cette question n’a de sens que localement, ville par ville, quartier par quartier. En effet, l’immigration est très inégalement répartie sur le territoire. C’est ce que montre le recensement de l’Insee. Dans 42 villes (ou quartiers), les immigrés sont majoritaires. Un tiers des ce zone « d’invasion » est en Seine St Denis, un autre tiers en Ile de France, et dernier dans les banlieues de grandes de villes de province.

Les immigrés sont devenus majoritaires dans d’ anciennes villes industrielles ( Mantes la Jolie, Creil). Ils occupent des quartiers entiers d’HLM anciennement occupés par les ouvriers des industries disparues. Cette concentration suscite toutes les peurs, elle résulte de la défaillance depuis 30 ans des politiques de logement et d’urbanisme.

Par contre, le recensement de la population montre que la moitié des communes françaises compte moins de   3 % d’immigrés. La proportion d’émigrés ne dépasse 10 % que dans une ville française sur cinq. Est-ce trop ?

Si certains pensent qu’il y a trop d’immigrés en France, c’est surtout un problème de concentration spatiale. A développer….

Par absence de données ethniques, l’assimilation des français descendants d’immigrés à ceux- ci en double la vision réalité …… Les faiblesses des statistiques alimentent tous les fantasmes.

 

Des flux d’entrée mieux connus que les sorties

L’immigration régulière fait l’objet d’un comptage précis par le Ministère de l’Intérieur : 215 000 titres de séjour ont été accordés 2016 (motif familial dans 42 % des cas, pour études dans 32 %). Ce chiffre augmente un peu chaque année (2%). Les plus fortes augmentations furent en 2009 et 2013, sous des gouvernements différents. L’immigration de travail est très limitée depuis 20 ans (moins de 10 % des entiers), mais rien d’empêche une personne entrée pour motif familial de travailler.

Le ministère estime à 2, 7 le nombre en stock de permis valable. Ce chiffre est cohérent avec les estimations du recensement.

Les sorties ….

 

Les immigrés en situation irrégulière  : quelques centaines de milliers

Le nombre immigrés est mesuré par les recensements. Un avantage est de disposer de données locales mais l’inconvénient est qu’il est déclaratif. Un sous déclaration des clandestins est probable quand ils sont hébergés par des proches. C’est assurément le cas à Grigny où le nombre d’enfants scolarisé est supérieur aux chiffres issus du recensement. Saisi par le maire de Grigny, l’Insee n’a été en mesure d’en expliquer l’écart. L’institut a préféré un argument d’autorité, par peur probablement d’un précédent : les chiffres de population « légale » ont des conséquences financières sur les dotations aux communes.

L’immigration clandestine est un fait  : elle est évaluée entre 300 et 400.000 par le Ministère de l’Intérieur. Cet ordre de grandeur – un pour dix par rapport aux étrangers en situation régulière – est cohérent avec les 300.000 bénéficiaires de l’Aide médicale d’urgence.

 

L’absence de transparence des sources : une machine à fantasmes

Sur un sujet aussi polémique avec des risques de fracture sociale, il faut créer un organisme indépendant des partis politiques ou toutes les données seraient disponibles

Les français ne peuvent se satisfaire de données administratives, il faut des ordres de grandeurs fiables résultats de la confrontation de sources différentes dont des enquêtes ethniques, dont les méthodes sont discutées scientifiquement.