Des dépenses qui doivent être mieux régulées
Peut-être moins aisée à mettre en œuvre politiquement, la solution est pourtant de contenir les coûts. Deux voies sont nécessaires : rationaliser les parcours de santé, c’est ce que visait à partir de la loi Hôpital, patients, santé et territoire (HPST) et résister à la pression inflationniste des honoraires médicaux. C’est probablement le point dur des réformes de sécurité sociale à mener, car c’est s’opposer aux corporatismes de professions fortement organisées. Rappelons-nous le fameux épisode de l’amendement déposé au Sénat par le gouvernement lors du débat sur le PLFSS 2009, proposant la mise en concurrence sur leur taux de marge des pharmacies situées à proximité des maisons de retraites pour les commandes régulières, sachant qu’en moyenne, les cent résidents des maisons de retraite prennent 10 médicaments par jour… Lors d’un vote nocturne bloqué, les deux sénateurs de la majorité présents ont pris l’ensemble des jetons de leurs collègues absents pour voter contre l’amendement du gouvernement; l’un était pharmacien, l’autre médecin.
Dans son dernier rapport de 2010, le Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (HCAAM) insiste sur la nécessité et la possibilité de réguler les dépenses, affirmant que « ce n’est pas en changeant les règles de remboursement qu’on peut apporter une réponse sérieuse à la vraie cause du déficit structurel de l’assurance maladie : l’écart de croissance entre les dépenses et l’évolution de la richesse nationale ». Enfonçant le clou, les membres du Haut conseil précisent un peu plus loin que, il faut, au tout premier ordre, « faire porter des efforts résolus sur la maîtrise des dépenses injustifiées et l’optimisation de l’offre de soins, seuls à même de desserrer l’étau financier et d’apporter des solutions durables à l’équilibre du système ».
Il cite à l’exemple les résultats enregistrés dans d’autre pays de l’OCDE (Allemagne, Etats-Unis) qui ont réduit à moins de 2 % par an la croissance des dépenses de santé par assujetti.
Les économies les plus substantielles sont en effet à attendre d’une meilleure organisation des parcours de soin (en évitant si possible, la case « hôpital »). En ce qui concerne les personnes âgées, nombre d’hospitalisations pourraient en effet être évitées par la prévention des chutes, et par une présence infirmière continue dans les maisons de retraites.