Le groupe de travail « démocratie » de l’Institut C&C a commencé le 22 mai 2021, les auditions de décideurs publics et privés, mais aussi de citoyens de tous horizons, social, professionnel et politique, pour recueillir leurs constats et attentes. Objectif : la publication du rapport de propositions avant la fin de l’année.
Alors que les valeurs de la République et, au-delà, le modèle de démocratie représentative sont de plus en plus souvent réinterrogées en France, l’Institut Chiffres & Citoyenneté lance un groupe de travail sur l’articulation entre la démocratie élective et la démocratie participative. Elus locaux et nationaux, décideurs publics et privés, professionnels et sans emploi, experts et simples citoyens sont appelés à exprimer leurs convictions, constats et attentes, mais aussi propositions en faveur d’un renouveau démocratique.
Démocratie représentative et démocratie participative sont-elles compatibles ? Accélération du temps sociétal, entretien médiatique de l’opinion publique dans le feu émotionnel, inquiétude de chacun plongé dans la prise de conscience d’un monde bousculé de toutes parts… chantages géopolitiques, climat, pollution, pauvreté, virus…
La démocratie représentative peut-elle survivre à l’accélération des temps politiques ? Comment exercer la régulation de la société (sécurité, justice, dépenses…) sans adhésion à mode de décision collective ? Quelle place reste possible pour la préparation de l’action politique, face à l’immédiateté de l’attente de chacun, corporations et individus ? La raison du collectif démocratique semble céder un pas définitif à l’émotion sans frein de chacun.
Quelle responsabilité prendre ? Quelle délégation accorder ? Quelle limite se donner et quel espace accepter d’accorder au collectif ? En un mot, comment faire confiance dans une France qui doute, y compris d’elle-même ?
Représentativité et participation : deux valeurs à articuler
Pour 78 % des Français, la France est en déclin[1]. 7 sur 10 se déclarent pessimistes. Les Français doutent des institutions, de l’école républicaine, et quand ils sont une majorité à ne pas douter, comme ce fut le cas par exemple envers les forces de police, c’est encore l’expression minoritaire qui tient le haut des médias. Les parlementaires, plus que la loi, sont contestés par une opinion qui se détourne de plus en plus des urnes. La conjonction du désengagement et de la contestation n’est peut-être pas qu’un apparent paradoxe.
Communautarisme et fait religieux dans l’espace public deviennent, l’un comme l’autre, des sujets de polémiques au pays de la citoyenneté et de la laïcité. Plus de 7 Français musulmans de moins de 25 ans placent l’Islam avant les valeurs de la République[2]. Les musulmans français étaient 33 % en 2011 à déclarer l’interdiction du port du voile intégral islamique dans les rues et les lieux publics comme « plutôt mauvaise chose » ; neuf ans plus tard, ils sont 59 %.
Les valeurs de la République et, plus largement encore, l’adhésion à la démocratie représentative, paraissent de plus en plus interrogées par une opinion publique apparemment versatile et révoltée. Mouvement de contestations, mobilisations sporadiques ou récurrentes, populisme et démagogie deviennent banals. Pourraient-ils devenir un mode de gouvernance démocratique, pour autant dégradé qu’il soit ?
La question se pose aujourd’hui de l’adhésion du citoyen à la démocratie représentative ; dans quelle mesure et sous quelles conditions peut-elle et doit-elle renouvelée ? Il convient d’interroger la capacité d’initiative du citoyen dans la marche de l’expression démocratique, des responsabilités individuelles et collectives que cela induit, pour mieux en dégager les aménagements nécessaires. Objectif : l’apaisement, au prix d’un nouvel équilibre entre l’opinion de soi et la confiance en l’autre.