Le décompte de manifestants en France est un jeu politique autant que médiatique. Le sensationnel démagogique y gagne ce qu’une démocratie responsable y perd. Pourtant, tous les outils sont là… Retour sur une puérilité française.
Que chacun enrégimente le chiffre pour servir ses intérêts n’est ni une nouveauté ni une découverte. Comme chacun le sait nous partîmes 500 selon les chiffres des autorités et fûmes 5 000 en arrivant au port si l’on en croit les organisateurs de la manifestation. Et ce décompte n’en aura été qu’un de plus entre Nation et République, lors de la pénultième réforme des retraites en France.
Marseille, 31 janvier 2023 : 40 000 manifestants selon la police, 200 000 selon la CGT, soit cinq fois plus. Les médias annoncent toujours les deux chiffres : chacun retiendra le sien suivant sa sensibilité politique… ou fera une moyenne.
De tels écarts ne sont pas admissibles dans une démocratie éclairée. Pour y remédier, en 2014 une mission d’évaluation est confiée à des experts : Dominique Schnapper, juriste et ancien membre du conseil constitutionnel, et Pierre Muller, ancien chef de l’inspection générale de l’Insee. Deux hauts fonctionnaires à la réputation d’impartialité démontrée et n’étant plus dépendants du gouvernement. Le rapport remis en 2015 est sans appel : seule la police dispose d’un dispositif sérieux de comptage.
Suspicion généralisée
En 2017, un groupe de médias demande au cabinet indépendant Occurrence de procéder à son propre comptage. De nouveaux moyens sont mis en œuvre : caméras vidéo, intelligence artificielle et parfois comptage manuels. Ces comptages confirment toujours ceux de la police : il est même arrivé qu’ils soient inférieurs, comme ce fut encore le cas en 2023 pour la manifestation parisienne du 31 janvier (…)
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François JEGER, Olivier PERALDI
Co-fondateurs de l’Institut Chiffres & Citoyenneté